The Corporation est un
documentaire canadien réalisé par Jennifer Abbott et
Mark Achbar, sorti en
2003. Ce film est basé sur le livre
The corporation, the pathological pursuit of profit and power (Les multinationales, la recherche pathologique du profit et du pouvoir) de Joel Bakan. Le film est divisé en trois parties, reprennant les trois parties du titre de livre.
Après une distribution réduite en salles, Mark Achbar décide de rendre le film au téléchargement sur BitTorrent. Il est accompagné pour l'occasion d'un entretien de 40 minutes avec Joel Bakan.
Synopsis
- Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Une personne "morale"
En
Droit, une
Personne morale est un groupement de personnes ayant une existence juridique, tout comme une
Personne physique (un être humain). Si l'
Entreprise a, légalement, les mêmes
droits qu'un individu, pourquoi se conduit-elle de façon si peu humaine ? Les réalisateurs de ce film ont eu l'idée d'interroger un certain nombre de chefs d'entreprise sur les bonnes pratiques de
gestion. Les réponses sont les suivantes :
- s'occuper de l'intérêt de l'entreprise et de lui seul
- ne pas faire assumer par l'entreprise de coûts pouvant être pris en charge par la collectivité
- licencier de façon flexible afin de bien s'adapter au Marché
- etc.
Au milieu du XVIIIe siècle, l'entreprise émerge aux Etats-Unis comme une personne "légale", avec une personnalité juridique. Sur la base du 14ème amendement de la Constitution américaine, passé à la fin de la guerre civile pour libérer les noirs de l'esclavage, aucun Etat ne peut priver une personne de sa vie, liberté ou propriété, l'entreprise se verra consacrer les mêmes droits que les personnes physiques, mais avec des responsabilités et obligations moindres...
La pathologie du commerce, une étude psychiatrique du monde de l'entreprise
Parallèlement, les réalisateurs cochent les réponses à l'aune d'un manuel de référence de la
Psychopathologie : le
DSM-IV, et il s'établit peu a peu sous les yeux du spectateur que si l'entreprise a bien les caractéristiques d'un individu, ce n'est pas n'importe quel individu non plus, mais un individu
psychopathe : égoïste, menteur, indifférent au bien-être et au respect d'autrui comme à ses malheurs.
Utilisant les critères diagnostiques de L'Organisation Mondiale de la Santé et le DSM-IV, l'outil de diagnostic standard des psychiatres et des psychologues, le documentaire dresse une liste de comportements anti-sociaux des entreprises dans le monde contemporain au travers de quatre exemples : comportement dangereux envers les travailleurs, la santé des êtres humains, les animaux et la biosphère. Le diagnostic final fait des entreprises des psychopathes.
Qui est responsable ?
Des interviews plus personnelles montrent pourtant que cette caractéristique des entreprise ne constitue pas nécessairement un trait de leurs dirigeants. Ceux-ci se révèlent souvent au contraire intelligents et de haut sens moral dans le privé. Ce qui est en cause n'est pas l'entreprise elle-même, mais les règles du jeu qu'on lui donne, et qui la transforment en machine à créer ce qu'on nomme des
externalités.
Le film s'attache à la responsabilité et les pouvoirs qu'ont les personnes impliquées à différents niveaux de l'entreprise, et pose le problème de la contradiction entre volonté humaine individuelle et logique de l'entreprise dont l'intérêt immédiat est le profit. Cette contradiction est exprimée au travers de différents témoignages et exemples, notamment le dialogue entre le pdg de Royal Dutch Shell et sa femme avec un groupe d'activistes (Earth first) venus manifester devant la maison du pdg en déployant une banderole : Assassins. La réponse du couple ne fut pas d'appeler la police mais d'engager un dialogue sur les différents problèmes sur lesquels ils partageaient les mêmes inquiétudes que les militants : droits de l'homme, environnement, etc.
La publicité au berceau
Le film s'attaque ensuite à l'utilisation qui est faite par les grandes entreprises de la psychiatrie pour influencer les enfants dès leur plus jeune âge dans leur futurs achats ainsi que sur leurs parents.
Vous pouvez manipuler les consommateurs afin qu'ils veuillent, puis achètent vos produits, c'est un jeu (Lucy Hughes, vice-présidente de Initiative). La publicité atteint un tel niveau d'influence que des personnes se vendent comme panneau publicitaire pour financer leurs études, des entreprises peuvent s'acheter des villes ou la culture (ex: la chanson happy birthday appartient à AOL-Time Warner).
La liberté de la presse ?
Le documentaire s'attaque ensuite à l'influence des entreprises sur les médias au travers de l'exemple des journalistes Jane Akre et Steve Wilson, licenciés par Fox News pour avoir refusé d'édulcorer un reportage sur les dangers, à la santé humaine et bovine, liés au rBGH, une hormone synthétique, utilisée aux États-Unis mais interdite en Europe et au Canada, qui augmente la production de lait.
Capitalisme contre démocratie
Au travers de différents exemples, le documentaire s'attaque à l'aversion des entreprises capitalistes pour les régimes démocratiques, que ce soit par la relation des entreprises américaines avec le régime nazi (création de Fanta par Coca-Cola pour continuer de distribuer des boissons en Allemagne nazie, participation de IBM à l'organisation administrative des camps de concentration), ou la .
Démocratie contre Capitalisme
Des mouvements contestant le pouvoir illégitime des entreprises apparaissent sur toute la planète, des entrepreneurs cherchent à créer des entreprises faisant du profit sans endommager l'environnement, des citoyens organisent un référendum contre les chaînes de restauration, la résistance indienne aux riz génétiquement modifiés, la résistance bolivienne contre la privatisation de l'eau, des victoires éparses mais impressionnantes contre de grandes entreprises dans l'océan de la
Mondialisation.
Le film se termine par une vue pathétique de pionniers de l'aviation trouvant la mort en pilotant des appareils mal conçus : ceux-ci n'avaient pas la portance leur permettant de voler indéfiniment, et étaient voués à s'écraser peu de temps après leur lancement (du haut d'une Falaise ou d'un pylône), par épuisement de leur énergie potentielle. Les auteurs établissent un parallèle entre ces pionniers et notre société actuelle : si on ne la reconstruit pas sur des bases différentes, l'entreprise pourrait nous conduire à la catastrophe par épuisement des ressources naturelles ou de l'environnement.
Se gardant de tout Manichéisme, et visant plus à solliciter chez le spectateur des questions qu'à fournir des réponses, ce film fait intervenir plusieurs personnalités et a été plusieurs fois primé.
Fiche technique
- Titre : The Corporation
- Titre original : The Corporation
- Réalisation : Jennifer Abbott et Mark Achbar
- Scénario : Joel Bakan, Mark Achbar et Harold Crooks
- Production : Mark Achbar
- Sociétés de production : Big Picture media corporation
- Musique : Leonard J. Paul
- Photographie : Henry Faber
- Montage : Jennifer Abbott
- Pays d'origine : Canada
- Format : Couleurs - Dolby SR
- Genre : Documentaire
- Durée : 145 min
- Date de sortie : 2003
Sommaire détaillé du DVD
(sortie en septembre 2007, TF1 video)
- Qu'est ce qu'une entreprise ?
- Naissance
- Une "personne morale"
- Externalités
- Etudes de cas
- La pathologie du commerce
- Obligations monstrueuses
- Mentalité
- Echanges le 11 septembre 2001
- Questions de frontière
- Entraînement de base
- Gestion de la perception
- Comme un bon voisin
- Fête privée
- Triomphe du clandestin
- Avancer le front
- Comptes-rendus troublants
- Projet d'expansion
- Choisir le bon côté
- OPA hostile
- Démocratie SA
- Thérapie du psychopathe
- Pronostic
- Générique de fin
Distribution
Récompenses
25 prix internationaux dont :
- Prix spécial du jury au festival international du film documentaire d'Amsterdam, 2003.
- Prix du film canadien le plus populaire au festival international du film de Vancouver, 2003.
- Prix du public, catégorie meilleur documentaire au festival du film de Philadelphie, 2004.
- Prix du public, catégorie documentaire international au festival du film de Sundance, 2004.
- Prix Genesis du film documentaire, 2005.
- Prix Génie du meilleur documentaire, 2005.
Notes et références de l'article
Voir aussi
Liens et documents externes